Directives 2025 sur l'activité physique, la sédentarité et le sommeil pendant la première année postpartum

De nouvelles directives fondées sur des données probantes indiquent la quantité d'activité physique, de comportements sédentaires et de sommeil que les femmes devraient accumuler pendant la période postpartum pour favoriser leur santé et bien-être et celui de l'enfant.

Après l'accouchement, il est recommandé aux femmes qui n'ont pas de restrictions médicales (contre-indications) de suivre une progression graduelle et individualisée pour atteindre 120 minutes par semaine d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse. Il est recommandé de combiner des exercices cardiovasculaires et de renforcement musculaire au moins 4 jours par semaine, et de pratiquer des exercices quotidiens de renforcement des muscles du plancher pelvien pour favoriser la récupération, le sommeil et la cicatrisation. Des niveaux d'activité physique plus élevés favorisent également un sommeil de meilleure qualité et réduisent le risque de dépression. Compte tenu des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes et les personnes en postpartum (sommeil perturbé, santé mentale moins bonne, soins et alimentation du nourrisson), il n'est pas toujours possible de respecter les recommandations des directives. Les directives soulignent que même de petits pas vers l’atteinte des recommandations peuvent avoir des effets bénéfiques importants sur la santé, et insistent sur le fait que l’atteinte des objectifs des directives ne peut se faire sans un soutien solide de la part du partenaire, de la famille et de la société.


Nouvel outil d’évaluation : Questionnaire Menez une vie plus active pendant la période postpartum


Le groupe d’experts qui a travaillé sur les directives a mis au point le premier outil d’évaluation préalable à la pratique d’activité physique pendant la période postpartum afin de s'assurer que l'activité postnatale soit débutée en toute sécurité. Le questionnaire Menez une vie plus active pendant la période postpartum est conçu pour être rempli soi-même et permet d’identifier le petit nombre de personnes qui devraient consulter un professionnel de la santé avant de commencer ou de reprendre une activité physique après l'accouchement. Cet outil est disponible dès maintenant!

Préambule :

Ces directives fournissent des recommandations fondées sur des données probantes sur l'activité physique, la sédentarité et le sommeil pendant la première année postpartum pour promouvoir la santé de la mère et de l'enfant. L'activité physique après l'accouchement a été associée à une réduction du risque de dépression (45 %), d'incontinence urinaire (37 %) et de diabète de type 2 (28 %), ainsi qu'à une amélioration de la sévérité des symptômes de dépression, d'anxiété, et de douleurs lombopelviennes, des changements de poids, d'indice de masse corporelle et de triglycérides. Il est important de noter que les revues systématiques de la littérature n'ont pas identifié de risque accru de préjudices, incluant le risque de blessures, d'événements indésirables, de peur du mouvement ou de diminution de la qualité ou de la quantité du lait maternel, et il a été démontré que l'activité physique réduisait les niveaux de fatigue. Nos revues systématiques ont également montré que les interventions sur le sommeil (par exemple, l'éducation sur les habitudes et les stratégies de sommeil du nourrisson) étaient associées à une réduction de la sévérité des symptômes dépressifs, et que les interventions en activité physique étaient associées à des améliorations de la qualité du sommeil et à une réduction de la fatigue diurne.


La période postpartum est une importante période de transition qui présente des obstacles uniques qui peuvent rendre difficile l'application de ces directives. Un soutien social et émotionnel solide de la part du partenaire, de la famille et de la société est essentiel pour aider les femmes et les personnes en postpartum à surmonter les défis et les obstacles associés à la transition entre la grossesse et le postpartum et à progresser efficacement vers l’atteinte de ces recommandations. Pour les femmes et les personnes en postpartum qui éprouvent des difficultés à atteindre les objectifs de ces directives, tout progrès, même minime, vers l’atteinte des objectifs d'activité physique améliore la santé physique et mentale de la mère, tandis que toute réduction des comportements sédentaires peut également améliorer la santé cardio-métabolique.


Ces directives sont basées sur une revue systématique exhaustive de la littérature, l’opinion d’experts et une consultation auprès des utilisateurs finaux, et tiennent compte des considérations relatives à la faisabilité, à l’acceptabilité, aux coûts et à l’équité.

Recommandations:

Les recommandations spécifiques des Directives canadiennes 2025 pour l'activité physique, la sédentarité et le sommeil pendant la première année postpartum sont présentées ci-dessous :

1

Nous recommandons que toutes les femmes en postpartum et les personnes ne présentant pas de contre-indications pratiquent une activité physique pour obtenir des bienfaits significatifs sur le plan clinique (par exemple, prévenir et réduire les symptômes dépressifs).
2

Nous suggérons que les femmes et les personnes présentant des contre-indications potentielles à l'activité physique (voir ci-dessous) obtiennent une autorisation médicale d'un fournisseur de soins de santé primaires (p. ex., médecin de famille) avant de commencer ou de poursuivre une activité physique d'intensité modérée à vigoureuse (APMV) après l'accouchement. Dans la plupart des cas, l'APMV peut être pratiquée, mais des modifications peuvent être nécessaires jusqu'à ce que le problème médical soit résolu.
3

Nous recommandons d'accumuler au moins 120 minutes d'APMV (p. ex., marche rapide, vélo) réparties sur quatre jours ou plus de la semaine et comprenant une variété d'activités cardiovasculaires et de renforcement musculaire.
4
Nous recommandons d’effectuer tous les jours des exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien pour réduire le risque d'incontinence urinaire et pour rééduquer les muscles du plancher pelvien affectés par la grossesse, le travail et/ou l'accouchement. Il est recommandé de suivre les instructions d'un physiothérapeute spécialisé en rééducation périnéale et pelvienne pour obtenir des résultats optimaux.

5
Nous recommandons de commencer ou de reprendre l'APMV au cours des 12 premières semaines postpartum pour soutenir la santé mentale.
6
Nous suggérons de commencer une mobilisation précoce par une activité physique d'intensité légère (p. ex., marche légère, exercices de renforcement des muscles du plancher pelvien) et de passer à l'APMV une fois que les incisions chirurgicales ou les déchirures périnéales sont suffisamment cicatrisées et que les saignements vaginaux (lochies) n'augmentent pas avec l'APMV.
7
Nous suggérons de suivre une progression individualisée, graduelle et basée sur les symptômes pour atteindre au moins 120 minutes/semaine d'APMV.



8
Nous recommandons d'adopter une routine d'hygiène du sommeil saine (p. ex., éviter les écrans et maintenir un environnement sombre et calme avant le coucher) pour soutenir la santé mentale de la mère.
9
Nous suggérons de limiter le temps de sédentarité à 8 heures ou moins par jour, incluant pas plus de 3 heures de temps d'écran de loisir, et de fractionner les longues périodes en position assise lorsque possible.

Toutes les femmes et personnes en postpartum peuvent faire de l’activité physique après l'accouchement, à l'exception de celles dont l'état de santé ne le recommande pas (contre-indications, énumérées ci-dessous). Celles présentant des contre-indications relatives devraient discuter des avantages et des inconvénients d'une activité physique d'intensité modérée à vigoureuse avec leur fournisseur de soins de santé primaires avant d’entreprendre une activité. Elles peuvent toutefois poursuivre leurs activités habituelles de la vie quotidienne.

Le nouveau questionnaire Menez une vie plus active pendant la période postpartum a été conçu pour permettre aux femmes en postpartum d'identifier si elles ont besoin de conseils médicaux avant de commencer ou de reprendre une activité physique d'intensité modérée à vigoureuse après l’accouchement, et pour réduire les obstacles à la pratique d'une activité physique.

Contre-indications relatives à l'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse pendant la première année suivant l'accouchement.

Contre-indications relatives

  • Perte de conscience pour quelque raison que ce soit
  • Symptômes neurologiques tels qu'une mauvaise coordination ou une faiblesse musculaire influençant l'équilibre
  • Thrombose veineuse profonde (caillot de sang dans les jambes ; peut provoquer des douleurs et un gonflement des jambes, ou une peau rouge/chaude autour de la zone douloureuse) ou embolie pulmonaire (caillot de sang dans les poumons ; peut provoquer un essoufflement, des vertiges)
  • Hypertension artérielle (>140/90mmHg) qui n'est pas stable
  • Trouble(s) alimentaire(s) ou malnutrition
  • Cardiomyopathie du postpartum (maladie cardiaque après l'accouchement)
  • Nouveaux symptômes de maladie cardiaque (par exemple, douleur ou gêne thoracique) ou d'accident vasculaire cérébral (par exemple, affaissement du visage, troubles de la parole) pendant les activités de la vie quotidienne ou au repos
  • Douleur abdominale intense
  • Douleur/gêne à la poitrine, vertiges ou étourdissements pendant l'activité physique
  • Difficultés respiratoires telles qu'un essoufflement au repos qui n'est pas soulagé par des médicaments
  • Maladie des reins
  • Fatigue excessive (par exemple, fatigue extrême ne s'améliorant pas avec le repos)
  • Infection grave accompagnée de fièvre, de courbatures ou d'un gonflement des ganglions lymphatiques
  • Fracture(s) ou autre blessure importante
  • Douleur liée à la césarienne qui s'aggrave avec l'activité physique (par exemple, douleur liée à l'incision chirurgicale)
  • Saignements vaginaux non liés aux menstruations

Bien que les éléments suivants ne soient pas des contre-indications à l'activité physique, un dépistage, un soutien et un traitement supplémentaires des obstacles potentiels à l'APMV par un fournisseur de soins de santé ou un professionnel de l'exercice qualifié peuvent être recommandés :


  • santé mentale,
  • fonction du plancher pelvien et de la paroi abdominale,
  • douleurs musculosquelettiques,
  • cicatrisation des plaies,
  • déficit énergétique relatif du sport,
  • mauvais sommeil,
  • peur du mouvement,
  • état de l'allaitement,
  • soutien social/émotionnel

Sommaire

La directive canadienne 2025 a été élaborée à l'issue d'un processus rigoureux de près de trois ans, au cours duquel plus de 19 000 titres et résumés ont été examinés. Elle comprend 574 études uniques qui ont été regroupées en sept revues systématiques et méta-analyses couvrant 21 aspects de la santé de la mère et de l'enfant (BJSM). Ces nouvelles directives sont fondées sur des données probantes et abordent des sujets clés identifiés par les femmes en postpartum. Elle souligne qu'il n'existe pas de solution unique et que la progression vers les 120 minutes recommandées d'activité physique d'intensité modérée à vigoureuse doit être individualisée, progressive et basée sur les symptômes. Elle est fondée sur des données probantes, mais elle a été élaborée en fonction de ce que les femmes en post-partum souhaitaient réellement savoir.


Élaboration et collaborateurs


Grâce au soutien financier de la Christenson Professorship in Active Healthy Living, la directive a été élaborée par une équipe pancanadienne de chercheurs, de méthodologistes et de représentants des principales d'organisations de premier plan intéressées. L'élaboration a été dirigée par la Pre Margie Davenport (Université de l'Alberta ; présidente), et codirigée par la Pre Stephanie-May Ruchat (Université du Québec à Trois-Rivières):


  • Alejandra Jaramillo Garcia (Agence de la santé publique du Canada)
  • Mohammad Usman Ali (Université McMaster)
  • Milena Forte (Collège des médecins de famille du Canada)
  • Nicole Beamish (Association canadienne de physiothérapie)
  • Karen Fleming (Académie canadienne de médecine du sport et de l'exercice)
  • Kristi B. Adamo (Société canadienne de physiologie de l'exercice)
  • Émilie Brunet-Pagé (Association canadienne des sages-femmes)
  • Radha Chari (Société des obstétriciens et gynécologues du Canada)
  • Kirstin N. Lane (Société canadienne de physiologie de l'exercice)
  • Michelle F. Mottola (Université Western)
  • Sarah Neil-Sztramko (Université McMaster)

Ces directives ont été approuvées par l'Association canadienne des sage-femmes, l'Association canadienne de physiothérapie, la Chartered Association of Sport and Exercise Sciences (anciennement connue sous le nom de British Association of Sport and Exercise Sciences), l’Exercise and Sports Science Australia, et ParticipACTION.

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